Politiquement correct...

Le Père Indigne a une vie qui lui est propre… Il vit et rencontre des gens et des collègues passés… Il n’est pas meilleur qu’en tant que père… mais c’est aussi pour ça qu’on l’aime ! Illustration…

En même temps, ce n’est pas malin de poser la question... Quand on sait que la réponse ne va pas plaire ou choquer, il ne faut pas poser la question...

Son ancien collègue lui demande son avis, après s'être lancé dans une lénifiante description des événements des derniers jours... La mort du petit, enfin surtout la photo... Avant ça, les enfants mourraient mais ça ne choquait pas, on ne le voyait pas, on pouvait prétendre ne pas savoir ! La photo a changé ça.

Maintenant qu'on sait on devient des salauds, des complices, si l'on ne fait rien...

Le pathétique œil des médias s'est braqué sur le sujet, éclaboussant tout de sa lumière crue et impudique. Ressassant, pesant, culpabilisant… Le drame est passé au-devant de la scène, pour quelques jours, avant de retomber dans l'indifférence, comme les chocs précédents... Tsunami... tremblement de terre... morts... bombes... enlèvement d'écolières... J'y pense et puis j'oublie!

Oui, mais toi tu es cynique !

Effectivement…

Donc à sa question : « t’en penses quoi, toi ? » avec un sourire en coin qui donne une furieuse envie de lui éclater le bec de lièvre à coup de talon…

Le Père répond que les gens ne cherchent pas à résoudre un état de fait, ni même à améliorer la vie de leurs prochains… Ils n’en ont cure ! Ils cherchent une manière de se rassurer, de supporter le fait que ce sont, comme Le Père, des saloperies de capitalistes avachis dans un système qui leur est, finalement, bien confortable et qu’ils ne changeraient pour rien au monde… Les gens ont souvent du mal à voir ce qu'implique leur mode de vie et à regarder en face ceux qui n'ont pas accès à la même chose... Voir sous le tapis n'est pas agréable, alors il faut se donner bonne conscience, même si ce n'est que pour quelque temps...

On se préoccupe des Syriens, comme si les SDF locaux avaient tous disparu, ne souffraient pas, comme si l’on ne savait pas que nos tee-shirts et chaussures sont faits par des enfants des pays émergents, comme si le café qu’on boit était durable, écologique ou responsable socialement, comme si notre smartphone n’était pas une catastrophe humanitaire et écologique, comme si les voyages low-cost n’avaient aucun impact, comme si notre consommation était soutenable et sans impact… Le Père est cynique ? Peut-être… On ne pouvait pas savoir qu'en payant un dixième de ce qu'on payait avant, on aurait à faire des concessions quant aux droits des travailleurs ou à l'environnement? Peut-être...

Mais Le Père a de plus en plus de mal à faire semblant, pendant un court moment, et à brasser des banalités politiquement correctes avec des bien-pensants, qui l’ont souvent pris de haut, pour les aider à se réconforter et garder bonne conscience...


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