122. Montreux... encore ?!
Ami des cimes et des chaussettes qui bougent toutes seules… Bonjour !
Vendredi, 2 semaines plus tard, Le Père essaie de
finir son sac dans le calme et la quiétude… Ok, il y a du matos dans toute la
maison et il court partout en jurant, tentant de ne rien oublier.
La pluie, disparue depuis plus d’un mois, est
annoncée pour vendredi, samedi et dimanche… Le Père est en train de planifier
un attentat contre le siège de météosuisse, à la suite de ses complots répétés
pour faire foirer la plupart de ses sorties, trails et courses !
Donc Le Père amoncelle des habits et matos en
quantité suffisante pour équiper un village de taille moyenne et part,
naturellement à la bourre, pour choper son train… Repasse prendre son téléphone
(mieux s’il veut prendre un billet de train avec) et repart vers la gare
carrément en retard cette fois !
Dans le train il souffle un peu, regrette d’avoir
oublié de prendre un coca et lit un peu… Mais quelque chose le tarabiste, un
tracas sourd le grignote, jusqu’à ce qu’il mette le doigt dessus : il a
oublié le câble pour charger sa montre !!!!!! Et, pour une fois, elle
n’est pas chargée à la moitié ! Il réalise dans la foulée qu’il a
également omis de prendre sa crème Nok…
Le Père a un incommensurable moment de solitude et
de déprime, face à l’immensité de son inattention (pour être poétique et poli)…
Après avoir tenté un appel sur les réseaux dits sociaux (belle invention ça
encore ! C’est comme le concept d’intelligence artificielle… ou de
correcteur d’orthographe ! On sait aller dans l’espace ou faire rouler une
voiture à plus de 400km/h, mais on n’est pas foutu d’avoir un correcteur qui
suggère les bons mots, alors que ça on l’emploie tout le temps, contrairement à
rouler à 400 ou aller dans l’espace !), Le Père contacte Madame et fixe un
rendez-vous à Lausanne en début de soirée : il va devoir aller chercher
son dossard - près de 2km aller-retour, repartir de Bex à Lausanne et reprendre
le train dans l’autre sens pour retrouver son hôtel afin de finir de préparer
son sac… Absentem lædit, qui cum ebrio litigat ! Ça n’a rien à voir dans
le contexte, mais c’est toujours mieux de latiner plutôt que de jurer…
Avec ça, il doit, dans la mesure du possible,
dormir et en être debout à 2h30, afin d’éviter d’entendre le coup de départ
alors qu’il est encore en train de poser son sac pour la base de vie à 200m de
la ligne (comme les deux éditions précédentes) !
Point positif : météosuisse ayant, comme
d’habitude, solidement chié dans la colle, les prévisions pour jeudi
n’annoncent plus de pluie que pour la nuit de vendredi à samedi, le reste du
weekend est annoncé sec et partiellement couvert : toutes les planètes
semblent alignées pour une grande édition !
Après avoir remercié et embrassé Madame sur un quai
de gare, pris un plat chinois à emporter (hormis un resto fermé à Bex, à
Lausanne aussi le resto à pates qu’il souhaitait solliciter est en réfection…
La malédiction poursuit Le Père avec la pugnacité du sadique agent des impôts
acharné…), Le Père reprend le train en sens inverse.
Fin de préparation des sacs, du matos et scénarii
possibles pris en compte, il faut se coucher…
Mais Le Père a du mal à s’endormir… Ce n’est
pourtant pas la première fois qu’il part de Bex pour retourner à Montreux à
dos de pieds ! Il se réveille à 2h25, après 2h et quelques de sommeil :
dormir c’est pour les faibles ! S’équipe en déjeunant, toujours sympa
quand tu n’as pas faim et la tête au fin fond du c…, emballe ses affaires (il
ne reste presque plus rien à faire, juste ranger ses Five Fingers et 2 habits,
Le Père ayant préparé ses 3 sacs 14 fois la veille : sac de trail, sac de
base de vie et valise qui va l’attendre à l’arrivée) et fait un dernier tour de
sa chambre. Les batteries sont chargées, la montre et le téléphone également,
Le Père va tout péter cette année, c’est décidé !
Traversée de Bex, plus d’un km d’échauffement, en
tirant sa valise et son sac pour la base de vie, on rejoint le départ où
retentit déjà la cornemuse. Il pose ses sacs et va rejoindre la ligne.
L’animateur essaie de déchainer les foules qui ne sont pas là (4h du mat, on ne
peut pas vraiment leur en vouloir), veut qu’on lève les mains et autres
drôleries, quelques coureurs jouent le jeu, Le Père n’est pas du matin, ni du
midi d’ailleurs et encore moins du soir ou de l’après-midi, surtout qu’il a peu
dormi… Donc il attend que ça passe et profite du moment en se disant qu’il s’est
vraiment levé trop tôt, vu qu’il doit attendre dans le sas de départ !
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Le genou à terre en attendant le départ, Le Père rattache ses lacets à la place... |
2’000m de dénivelé, sur une dizaine de km. Le Père,
comme à son habitude, s’est fait une carte avec le relief de la course,
histoire de savoir où il en est. Tu me diras, lecteur perspicace, pourquoi ne
pas réemployer celle de l’année passée ?! Je te répondrais bien volontiers,
avec la citation attribuée à Srinivasa Ramanujan : merde ! Il
customise ses cartes pour y ajouter des tas d’infos, dont le temps qu’il pense
mettre à chaque étape, fruit d’un savant calcul scientifique basé sur le pif et
le doigt mouillé et qui est normalement systématiquement faux ou, comme dans ce
cas, ses temps de passage lors de la première édition : sa meilleure
performance.
Le Père a une approche toute scientifique de
son résultat : s’il met moins de 30h, c’est pas mal, moins de 29h… bien, moins
de 28h : la classe, moins de 27h : tour de Montreux avec le short sur
la tête en courant et hurlant : mort au foot ! Le Père part de
loin : en 2021 il a mis 32h32 minutes… On a le droit de rire, mais pas de
se moquer !
La montée est raide, il ne faut pas se cramer dans
la première (après il reste encore 101km), mais pas perdre de temps non plus.
Le Père se sent frais, double pas mal de monde et avance pas trop mal. Il
surveille sa montre pour voir si le cœur ne monte pas trop, ça reste acceptable…
Il repart de la Tourche après un ravito de 5
minutes, avec plus de 5’ d’avance sur son planning. Il ne se réjouit pas trop
vite, il poursuit la montée pour atteindre le col des Péris Blanc. Déjà 2-3
personnes en détresse, genre réfugiés climatiques… Coureurs ?! Non,
photographes : ils attendent depuis des heures, dans la nuit et le vent,
sans bouger et en prenant des photos… L’une d’elle redescend, tremblante,
probablement en hypothermie, pour aller dans une zone moins ventée… Elle fait
de la peine au Père avec sa couverture de survie, il compatit et l’encourage.
Toujours bien, Le Père continue. Il va moins vite
car il y a des passages un peu aériens avec des chaines. Quelques photos, telle
l’instagrammeuse moyenne, et il avance.
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Fin de la première montée, splendide jour naissant |
Le Père repart du ravito du Pont de Nant avec 3’ de retard par rapport à 2020. Il est bien et va assez vite, il ne fait pas encore trop chaud, la montée vers l’Argentine avec le soleil qui se lève est presque sympa. Il redouble les 2-3 coureurs qui avaient eu l’audace de le dépasser au profit du ravito et profite de la matinée et de la vue.
Le Père passe le col des Essets avec à nouveau 8’
d’avance sur 2020, sans y prêter trop attention. Il entame la descente sur
Solalex. La fin de la descente est rapide, Le Père est chaud et veut profiter
de la fraicheur qui va bientôt disparaître. Il quitte le ravito après 7-8
minutes et 13’ d’avance sur le plan, malheureusement sans avoir englouti de polenta,
contrairement à il y a 2 ans...
A ce stade, il est bien mais sait que le chemin
jusqu’à Montreux est encore long. Il ne force pas trop et garde de la marge. Il
commence à faire un peu chaud dans la montée sur Chaux Ronde, mais il ne se
pose pas trop de question et poursuit en causant avec un coureur. Il perd un
peu de temps au ravito, profite de prendre une pastille de sel proposée par une
bénévole, refait le plein et repart en marchant et mangeant son sandwich. Il a
19’ d’avance mais n’y pense pas.
Il n’a pas cru le bénévole qui indiquait à un autre
coureur : non, non, là c’est plat jusqu’au prochain ravito… Le bénévole
est fourbe, mais Le Père connaît heureusement le chemin et sait qu’il n’en est
rien. Au col de la Croix, il fait chaud. Ravito un peu long de 11’, on remplit
les batteries et bidons pour la montée de Chamossaire. On est arrivé au ravito
par un autre chemin que les années précédentes, qui monte directement et assez
raide, mais en évitant de descendre pour remonter, ce qui est plus agréable, au
goût – exquis – du Père.
Le Père gagne 21’ sur la montée qui, pour une fois,
n’est pas entièrement en plein soleil, quelques nuages allègent le
calvaire ! 53’ d’avance au sommet, Le Père commence à croire que la course
va bien se passer cette année !
Eheheheheheheeeeeee !
Petit scarabée ! On a de l’humour… Ou est
toujours innocent !
Descente (enfin, majoritairement de la descente…)
sur la base de vie du Sepey. Toujours capable de trottiner, Le Père avance et
ne se pose pas trop de question. Sensations ? Plutôt pas mal, compte-tenu
des kilomètres qui défilent, mais le plus dur est à venir, selon l’expérience
du Père…
Il atteint la base de vie tellement tôt qu’il
réalise que son binôme va le manquer ! Près de 2h d’avance, Le Père
n’avait même pas envisagé arriver à cette heure à la base ! On reste
concentré et on fait ce qu’il faut…
Après un massage et changement de bidons, mangé un
peu et pris le temps de refaire les niveaux (reprendre des compotes, reremplir
les abricots secs, …) et changer de chaussures : les Adidas Terrex SG sont
rangées et les Scott RC sortent : un peu plus d’amorti dans ce monde de
brut, pour alléger les genoux. Le Père se fâche : il ne voulait pas perdre
plus de 45’ au ravito et y demeure au total 1h04 ! Ok, c’est 41’ de moins
que les autres fois, mais ça reste beaucoup trop long…
Il repart en marchant, ressentant très vite une
douleur derrière le genou gauche. L’après base de vie ayant toujours été un
passage difficile, Le Père serre les poings et tout ce qu’il peut encore serrer
et essaie d’avancer comme il peut en mangeant un autre sandwich. Pourtant, ça
pique comme rarement. Il met de côté ses doutes et avance comme il peut. On
monte, on ne s’arrête pas, on ne perd pas trop de temps !
Le chemin change des autres années, le prochain
ravito est au-dessus de Leysin. Il communique avec son binôme qui veut le rejoindre
sur le chemin du prochain ravito… Pas mal de pauses pour essayer de se
retrouver, Le Père n’arrive pas à activer son positionnement sur son téléphone
(c’est un complot des Chinois pour que Le Père ne gagne pas !!!), s’énerve
et perd un peu de temps… Nous allons nous manquer !? Le Père a quitté la
base de vie avec 1h39 d’avance sur son meilleur temps et il avance encore,
malgré le genou.
Le ravito suivant lui sauve la vie : un premier Léman trail l’attend et l’accueil avec le sourire. La moitié du personnel du ravito connait Le Père ou son œuvre !!! Ça réchauffe le cœur et redonne du genou à l’ouvrage ! Faut se rendre compte, pour Le Père, avoir 4-5 lecteurs réunis, c’est comme si U2 trouvait à sa descente d’avion 542 millions de fans ! Ils y sont presque tous… à 3-4 près ! 2 morceaux de melons et quelques sourires rechargent les batteries du Père, surtout quand il réalise que le ravito est très proche du sommet, que Le Père va franchir de jour pour la première fois en 3 ans !!!!
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Berneuse, de jour, sans pluie !!!!! |
Berneuse avec le soleil couchant !!!! Ok, le
premier a fini, est sorti de la douche, s’est fait masser, a fait des
interviews, signé des autographes, s’est gratté les balloches, a mangé une assiette
de pâtes, bu une bière et est rentré chez lui… Mais pour Le Père, c’est un
exploit d’en être là à cette heure !
Comme il n’y a personne, il fait la olà tout seul,
fait une photo ou deux et repart alors que la foule en délire scande : Le
Père ! Le Père ! Le Père ! Ok, c’est dans sa tête, mais ça aide
à faire passer la douleur jambique… De toute façon, t’as pas besoin de tes
genoux pour courir, si c’était aussi important que ça, ils t’en auraient
mis plus, non ?!
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Berneuse avec le soleil qui disparait sur le Léman, reçu de mon binôme, manqué de peu |
Il fait bon, le soleil se couche sur les montagnes environnantes. Le Père admire les dents du Midi baignées de lumière rasante faisant exploser les couleurs, il trottine comme il peut mais clairement le genou a un blème. Il sait qu’il va atteindre un bout compliqué : le passage Luan – Joux Verte est un segment qui a toujours été difficile pour Le Père.
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Dents du Midi au soleil couchant |
Le Père sort sa frontale dans la descente, petit à
petit l’allume quand il passe dans des bois, il arrive au ravito de Corbeyrier
de nuit. 20’ de ravito, passage aux toilettes, re-remplissage de gourdes et Le
Père picore. Il repart pour Joux-Verte. La forêt qui suit est dègue… Dangereuse
quand on est seul et plus trop aiguisé… L’organisation a ajouté des cordes, des
chaines, de la rubalise, deux personnes, des lumières et, malgré cela, Le Père
a failli tomber une fois ou deux et entendait la moitié de la forêt descendre à
chaque planté de bâton. Le Père morfle, n’en peut plus, doute, peste.
Comme ce n’est pas la première fois et qu’il est
bien loin de l’époque du petit scarabée, Le Père serre tout ce qu’il peut
encore serrer, une fois de plus, prend du magnésium, essaie de manger et se
rabat sur une, puis deux, potions magiques : ses compotes ! Il ne
peut plus rien manger d’autre, arrive plus ou moins à boire, continue à marcher
en s’encourageant, seul dans la nuit :
- - Avance saloperie ! Marche ! Plus
vite ! Bouge ton c… ! Ça va pas vite, jà ! T’avance encore ou tu
traines ?!
- - Oh ! Tu me causes plus souple ?!
- - Alors avance, gros tas, merde à la fin !!!
Bref, ça chauffe et on ne sait pas comment les deux
dans la tête du Père finissent par y parvenir, mais il atteint Joux-Verte,
debout, sans ramper, sans être tombé du chemin. Il a mis 53’ de plus qu’en 2020
pour ce bout ridicule, il en a ras le bol, envie de tout laisser tomber, de
hurler et d’insulter la terre entière, est dégoûté d’avoir perdu autant de
temps alors qu’il était si bien parti... Il rentre dans sa tête et va voir le
responsable du ravito :
- - Faut que je dorme !
- - Ok, normalement c’est pas trop prévu à ce ravito,
mais on a découvert dans le chalet 4 lits… Une femme vient d’en libérer un, tu
peux le prendre si tu veux. On te réveille dans combien de temps ?
- - 25-26’
- - Ah, ah, ah, tu sais ce que tu veux, c’est
cool !
En essayant de faire le moins de bruit possible, Le
Père met une couche chaude et se couche, ayant enlevé la casquette et la
frontale uniquement. Il profite d’une couverture de survie laissée par la dormeuse
précédente.
Il n’a pas l’impression d’avoir dormi, comme
d’habitude. Entendu presque tout, pas semblé lâcher prise, mais ses
tremblements de la tête au pied au réveil laissent à penser qu’il a quand même
dormi. Il est clair, sait où il met les pieds, a de nouveau la pêche… ou
presque.
Le Père mange 6 morceaux de pomme de terre grillées
par les bénévoles et commence à s’énerver vraiment… Il avait perdu 53’ avant cette
pause, a dormi, le ravito lui prendra au total 54’ de plus ! Donc il est
chaud patate, se sent comme le fond de la couche de no6 quand il avait un
problème de bide, est fâché !
La montée sur Malatraix se fait par la crête cette
année, un bénévole lui dit qu’il faut 2 bonnes heures pour arriver au sommet…
Le Père les remercie et repart à un bon rythme pour se réchauffer et ne plus
trembler… Il mettra 1h15 pour atteindre le sommet.
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Coucher de soleil en descendant de Berneuse |
Passage de Malatraix, il y a du vent, le père a
gardé sa couche chaude en attendant d’être à bonne température. Ça souffle bien
sur le sommet et l’arête, mais il est réchauffé par la montée et la haine. Il
rattrape un coureur, juste avant la descente au bout de l’arête.
Le coureur lui annonce qu’il n’a plus de frontale
et que la seconde est vide aussi… Pas de batterie de rechange, il est dans la panade.
Le Père décide de rester avec lui, sécurité avant tout ! Il va perdre
15-30’, mais porter assistance fait partie du jeu et on ne laisse pas un
gars en rade en pleine nuit avec la petite descente raide et le chemin qui
monte et descend jusqu’à la route ! Donc par charité (mmmh) ou par peur de se
faire choper s’il s’en débarrasse en le poussant en bas du ravin (plus probable),
Le Père fait une bonne action… Ne sois pas ému, lecteur fidèle, c’est
probablement dû à la fatigue et la douleur du genou, ne va pas t’imaginer des
choses !
Il passe devant et reste à distance pour que
l’autre coureur puisse le coller d’assez prêt pour voir où il met les crampons.
Lorsqu’on arrive enfin sur la route qui descend avant de remonter sur le
ravito, le coureur le remercie chaleureusement et lui dit qu’il peut continuer
seul avec la lumière qui lui reste. Le Père le laisse et part devant.
Le Père est motivé, il en a aussi marre de morfler et
veut finir vite : le genou fait de plus en plus mal, il boitille et n’en
mène pas large... Ravito, Le Père est au radar mais encore clair. Là on sent la
ligne d’arrivée, il faut bouger ! Il mange un peu, malgré le manque de
motivation, pour le carburant, et reremplit les bidons avec son mélange infâme.
Il repart et ça monte, sans surprise. Il morfle un
peu mais arrive à limiter la casse. Le temps file et il s’énerve de ne pas
aller plus vite… Une descente raide le fait jurer un peu, surtout avec la
caillasse et la pente raide qui ne tient pas très bien.
Avec la rage et la motivation de l’arrivée, Le Père
double un gars, rattrape une femme et poursuit vers les Rochers de Naye. Pause
habituelle pour manger un bout, SMSer Madame pour lui dire qu’il descend – mais
que ça risque prendre un peu de temps – et ranger les bâtons. Il pense mettre
2h15-2h30 pour descendre alors que son meilleur temps est de près de 2h…
Madame est réveillée ?! Elle lui dit qu’ils
sont en route et qu’ils devraient être à l’arrivée à temps…
Le début n’est pas simple, le premier tronçon est
raide et un peu glissant (cailloux, sable et raide, combinaison de merde pour
le genou du Père). Ses tentatives de course sont timides et douloureuses. On tourne
à droite, 2 bénévoles l’encouragent mollement, il passe rapidement et le mur d’après
ne va pas. Là où il trottait, le pied léger et la basquette vive, les deux
années précédentes, il marche lourdement et ne parvient ni à courir ni à
avancer comme il le voudrait.
Traversée sous les Rochers, il accélère sans courir.
Crête qui descend sur Caux, toujours raide et dègue et ses bouts de course ne
sont pas concluants et très douloureux. On rejoint le chemin caillouteux le
long du funiculaire, celui avec les marches… Là, rien à faire : Le Père
court. Tu te le fous au c… ton genou et tu bouges, saloperie ! On est un
peu à la bourre, là !!!
Ravito des hauts de Caux, Le Père passe sans s’arrêter,
il lui reste assez de boisson pour finir et il veut avancer ! Descente
sous Caux. Ça pique et c’est raide, parfois des marches, parfois des chemins,
du béton, c’est rude… On plonge dans les gorges. Le Père court, parfois comme
un débile, comme si sa vie en dépendait, parfois il râle… ça fait toujours mal mais
on ne pense qu’à l’arrivée.
Chemin du Télégraphe, toujours un grand bonheur
après 100km, surtout quand tu ne peux plus sauter les marches 2 par 2… C’est
long alors Le Père entame un chant grégorien pour se donner du cœur à l’ouvrage
et oublier un moment sa jambe :
- - Qu’on l’a pendu un beau matiiiiiiiinnnnnnnn !
On la penduuuuuuuuu, avec ses triiiiiiiiiiiipeeeeees !!!!
Un coureur dépassé un peu rapidement le regarde
inquiet.
Entrée dans Montreux, pas grand monde et c’est
raide. La descente en ville paraît longue, mais ce n’est rien comparé au bord
du lac… Le Père court, il avait oublié que c’était si long une fois en bas. Ça
tourne, suit le rivage, pas de coureur, pas trop de monde… Il se rapproche de l’arrivée,
aperçoit enfin les punks (4 seulement, 2 sont en vacances chez les
grands-parents) qui se précipitent vers lui, malgré la matinalité de cette
arrivée. No 6 passe la ligne d’arrivée en premier, pieds nus (comme à l’UTMB,
il est fâché avec le concept des chaussures…). Madame filme, plus ou moins, on
la voit sur la vidéo finish qui passe à côté de la ligne au sprint pour filmer Le
Père !
No 3 a renoncé à venir habillé en Batman, à la
grande déception du Père, pour le reste il est content, mais vidé. Surpris qu’il
n’y ait personne à l’arrivée (2 personnes de l’organisation) et quasiment pas
de public, mais content d’avoir fini, compte-tenu de la douleur.
Le chrono… Le Père finit en 27h49’53’’. Il est déçu
car pensait mettre près d’une heure de moins, en tous cas c’était jouable sans
le genou… Passée cette déception, compréhensible, les faits sont têtus… Il
améliore son temps de 2020 de 53’ et celui de 2021 de… 4h35 ! Comme disait
le grand Leonidas en 480 avant Jean-Claude à la bataille des Thermopyles :
c’est mieux qu’un coup de pied dans les couilles, tout de même !
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