118 - Montreux le retour de la vengeance...

 Amis du beau temps et de l’air pur, bonjour !

 

-         Personne ne m’aime dans cette famille !!!!

-         A priori pas ! (oui, jeune lecteur, Le Père n'a pas peur de montrer ses sentiments et d'encourager ses enfants, c'est un grand sensible !!!)

No 6 dépasse La Princesse qui fulmine toujours et lâche, en passant, comme si c’était la chose la plus normale du monde :

-         Si, moi te n’aime !

Avant de poursuivre son chemin avec flegme.

On peut reconnaître aisément que, parfois, n°6 a ce que les pédopsychiatres qualifient en langage technique de : caractère de merde (Le Père ne comprend pas d’où cela peut venir, probablement pas de son côté de la famille…), mais pour ces trop rares et brefs moments de grâce, on en vient presque à regretter d’avoir mis une annonce sur internet pour le vendre sur manouche.ch…

La Princesse voudrait rester de mauvais poil, mais est obligée de fondre, en regardant son petit frère. Elle repart en le suivant.

Il faut dire que nous avons poussé la cruauté au-delà des bornes des limites… Le traitement est parfaitement inhumain : nous avons contraint les punks à une seconde promenade, en deux jours ! Note pour plus tard, écrire aux Talibans qu’ils sont des petits joueurs, nous sommes bien plus cruels qu’eux ! 

Les vacances du Père avaient commencé sous de bons augures : pas vraiment remis psychologiquement de sa piètre prestation et abandon sur l’X-Alpine (oui, lecteur attentif et mesquin, c’est la seconde année de suite qu’il a abandonné sur cette course… Il sait aussi compter !) Le Père est reparti pour Bex, pour la MXTrême, sympathique coursinette de 112km et 8’300m de dénivelé, qu’il avait bien aimée en 2020…

Après une brève nuit (trop dormir c’est pas bon, regardez tous ceux qui meurent pendant leur sommeil… Ben s’ils n’avaient pas dormi, ils ne seraient pas morts… pendant leur sommeil !), Le Père prend le départ auquel il arrive avant que celui-ci ne soit donné, ce qui est une nette amélioration par rapport à l’année précédente ou il n'avait pas eu le temps de mettre son masque avant le coup de départ…



La course débute comme l’année précédente : 2'100m de dénivelé dès le départ, histoire de bien te réveiller les petites pattes arrières, ravito à la cabane de la Tourche, poursuite de la montée et passages un peu aériens (vertige ou pas, faut passer, sinon ça fait long de redescendre…) où on serait bien inspiré de ne pas tomber ou lâcher bêtement la chaîne, je précise car il y en a qui ont essayé, dans d'autres courses, puis ravito au Pont de Nant. Le Père est déjà en retard de plusieurs minutes à ce stade… et cela ne va pas aller en s’arrangeant !

Il faut dire qu’il est fin prêt : 400km de course, 15'000m de dénivelé et près de 1'000 km de vélo EN MOINS par rapport à 2020… Heureusement qu’il a peu dormi et qu’il pèse encore 5kg de trop par rapport à l’année dernière, sinon il aurait pu s’inquiéter pour les orages annoncés pendant la nuit !

Bref ça sent la grosse performance pour Le Père qui part serein : il va être arrêté au Sépey, ravito du milieu, en raison des orages, donc ça va aller : 60km il doit pouvoir survivre !

L’intelligence de base pousserait quiconque de normalement constitué à ne pas y aller, mais Le Père a rarement la lucidité ou la présence d’esprit de renoncer, avant qu’il ne soit trop tard… N’y vois pas de la pugnacité ou de la persévérance, lecteur admiratif, c’est juste qu’il n’est pas assez malin pour y réfléchir et songer à ce que ça va lui coûter physiquement !

En repartant du ravito du pont de Nant, un coureur le rattrape et l’encourage. Puis il l’accoste :

-        Tu te souviens de moi ?

-        Euh ?! L’année passée ?

-        Oui, on avait fait un bout de chemin ensemble… J’ai mis 26h l’an passé.

-        Purée, bravo ! J’ai mis 28h41 et j’étais en forme à l’époque…

-        Tu m’as aussi sauvé la vie !

-         Moi !?

-         Oui, sur la TDS, on a fait la descente sur Bourg-Saint-Maurice ensemble, tu avais des problèmes de genoux…

-         Ah oui, j’ai perdu pas mal de places dans cette descente de m…

-         Et tu m’as dit ce qui m’attendait après Bourg, j’ai pu me préparer et suis passé sans problème… Merci !

Il poursuit sa montée un peu plus vite que Le Père… Qui, donc, le laisse continuer et poursuit à son rythme – si on peut parler de rythme !

On passe autour de l’Argentine (la montagne, pas le pays, lecteur peu porté sur la géographie ! Reste concentré sinon ça va être long !!!) et on redescend sur le ravito de Solalex.

Cette année, pas de polenta ! Lorsqu’une bénévole propose de lui remplir ses bidons, Le Père répond :

-         Attendez, je dois mettre de la poudre… 

-         Oui, je me souviens, comme l’année passée !

Le Père est abasourdi : que la gentille dame soit bénévole 2 années de suite est sympa, mais il a des tantes du même âge qui ont bénévolé pour tous les UTMB depuis le lancement de l'épreuve, donc il peut le concevoir, mais qu’elle se souvienne de ses drôleries et maniaquitudes, chapeau bas !

Il repart, mais a encore perdu trop de temps au ravito… Chaux Ronde, Col de la Croix (où il est passé quelques semaines plus tôt avec Madame qui faisait l’Ultraks de Villars) pour un ravito où il trouve de la pastèque qui lui sauve la vie (malgré la « musique » d’un groupe braillard qui beugle pour inciter les coureurs à repartir plus vite… Ils osent faire saigner les oreilles des coureurs car ils savent que, à ce stade, peu ont encore la force d’un coup de bâton… Les fourbes ! 

En plus on les entend longtemps après, prolongeant le supplice !) On passe à gauche de la bosse, on descend, avant d’arriver à Bretaye et on passe sous la gare – celle d’avant Bretaye - pour descendre encore un peu afin de pouvoir monter le Grand Chamossaire depuis plus bas !

Pour une fois, la météo sourit au Père : alors qu’il approche la redoutée montée, le soleil se cache et une brume dense s’installe apportant un brin de fraicheur dans ce monde de brutes. Il ravitote et repart pour la montée qui se fait… en plein soleil évidemment, une nouvelle fois, la brume étant encore une ruse de quelque agent de la météo mal intentionné, comme tous ses collègues !!! La fourberie des météorologues n’a décidément aucune limite !

La crète est toujours jolie, on passe le petit Chamossaire et la descente pour rejoindre le lac des Chavonnes, au bord duquel il avait laissé 4 punks, avant d’aller à la rencontre de Madame en Fivefingers, dans la boue et les champs détrempés… 2 semaines plus tôt quand elle courait l'Ultraks de Villars.

Descente sur le Sépey, qu’il rejoint avec 2 Français croisés en chemin…

En arrivant au Sépey, un bénévole de la course qui quitte le ravito l’encourage et lui annonce que quelqu’un l’attend au ravito. Il se rappelle alors que plusieurs personnes du groupe Léman Trail sont sur la course et que l’une d’elle est bénévole au Sépey…

Là, lecteur sportif et attentif, tu dois te souvenir que Le Père avec promis, que dis-je, juré, de ne pas passé trop de temps au ravito du Sépey, pour éviter de perdre 1h45 comme l’année précédente… Force est de concéder un échec cuisant de ce point de vue… N’ayons pas peur des mots, lecteur poète et amateur de la langue française et des locutions latines : Le Père a solidement uriné dans le cassoulet aux framboises !

Donc il repart très tardivement de la chaude ambiance de la base de vie, après plus d’une heure et demi de ravito, massage, change d’habits,… Le Père s’est plus ou moins nourri, a bu et se sent prêt à affronter la suite… Ses craintes d’orages sont dissipées, au ravito on le rassure, il va, au MAXIMUM, pleuvoir un peu, aucun orage à l’horizon… Il laisse deux Léman Trails qui l’encouragent alors qu’il repart dans la nuit qui arrive rapidement.

Dès la première montée, il souffre, a des crampes, est au bout et commence à avoir des doutes sérieux. Il se prend le mur plus tôt que ce qu’il pensait. Enfin en terme de mur, on serait plutôt sur de la maçonnerie solide, format muraille de Chine !

Il s’assoit un moment pour philosopher, enfin surtout pour souffler, mange un bout et repart aussi vite que possible, mais vachement plus lentement que nécessaire. 

Vers le sommet de la montée, on doit tourner à gauche pour aller direction le Famelon. Le ciel est noir, éclairé par des milliards d’éclairs… Le Père est pris de réelles questions existentielles : va-t-il mourir connement foudroyé - quelle perte pour l'humanité ! A-t-il simplement le droit de prendre ce risque pour l'humanité, ou tout au moins vis à vis des punks ?!

Une voiture le dépasse, dans la pampa. Elle s’arrête un peu plus loin pour récupérer un coureur… Le Père reconnait le second Français, reparti plus rapidement que lui du ravito, qui abandonne. Douleurs, cloques et crampes ont eu raison de lui ! Le Père lui souhaite une bonne récup et poursuit vers le ciel de plus en plus menaçant.

Il fait une pause pour mettre sa frontale, il fait quasiment nuit et le sous-bois rend la progression hasardeuse, sauf si tu n'as pas besoin de tes chevilles. Il est rattrapé par une jeune femme et s’accroche a elle pour profiter du rythme. 

Elle vient de Bâle, pas d’enfant, un copain trailer qui sera à l’UTMB, elle est plus jeune et plus rapide que Le Père, naturellement, mais parler lui change les idées et lui fait oublier son passage à vide. Le ciel est de plus en plus zébré d’éclairs, ça en devient un poil inquiétant.

Avant de tourner, devant un chalet / restaurant d’alpage, pour passer sous le Famelon, 2 personnes regardent le ciel. Le Père leur demande si les éléments allaient se déchainer.

-       - Non, ça reste de l’autre côté et pas mal plus loin, il ne devrait pas y avoir d’orage par ici… Bonne course !

Décidément, Le Père ne trouvera pas d’excuse pour abandonner !

Donc il poursuit son chemin avec sa consœur - ce n'est pas un jugement, lecteur peu cultivé ! Arrivés avant le Famelon, la coureuse prend de la distance. Le Père retrouve un rythme et poursuit son chemin. Il se met à pleuvoir légèrement. Le passage a vide est passé, mais il n'est pas au top...

Passage avec de la caillasse, c’est vallonné mais sans grandes difficultés hormis que la pluie rend les cailloux glissants.

Le Père a pris un pari osé au ravito du Sepey : il a troqué ses Hoka Mafate Evo 2 contre des Hoka Jaws… En gros il est passé du gros SUV toute options avec intérieur cuir mauve et jantes dorées qui tournent toute seules, à une voiture de rallye avec juste un siège de course sans doublure et toute vide hormis les harnais et le volant, sans confort de quelque sorte. 

C’est du léger, hyper réactif, quasiment sans amorti (Sur une telle distance ? Sur la seconde partie de la course ?! Mais il n’est pas bien Le Père ?!?! Ooooohhhh ! Du calme lecteur connaisseur et sportif, c’est son choix palsambleu !), mais avec des crampons à décoller le bitume… Le Père pense que ce sera drôle dans la boue, qui devrait arriver s’il pleut, et pour la dernière descente, qu’il fera très certainement à un rythme de sociopathe qui a omis de prendre ses médicaments, s’il arrive jusque-là !

La fatigue se fait un peu sentir mais Le Père est toujours vivant. Il parvient sans encombre au ravito des Fers. Le ravito tombe bien, il en a marre et un petit coup de mou, à nouveau. La présence de melon le ressuscite. Il discute avec quelques bénévoles, on parle de trail, d’une coureuse disparu autour de l’Argentine l’année précédente, Le Père apprend que l’un des bénévoles, pas tout jeune et plutôt compact (ce que Le Père taxerait en temps normal d'échantillon), a fait la PTL (Petite Trotte à Léon), course de 330km entre la France, la Suisse et l’Italie… Il l’aurait faite 6 fois !?!?!

Le Père va mieux et repart sous la pluie. Les chaussures sont mouillées, les pieds aussi, mais il n’a pas encore mis son pantalon étanche, il fait bon et il a peur d’avoir trop chaud.

Montée à Berneuse. La pluie a fait sortir des grenouilles… des dizaines de grenouilles… des milliers ?! Au moment où Le Père commence à se demander s’il n’est pas en train de délirer, sa montre sonne lui indiquant qu’il n’est plus sur le chemin !

Hein ?! Pas vu de panneau, ruban ou fanion… Bah, j’ai dû le louper… Retour en arrière… Rien… Il cherche et tourne, mais il n’y a plus de marquage. Il est rejoint par 2 Italiens qui regardent leur téléphone pour consulter la carte, semblant aussi égarés. On suit un semblant de trace.

Et là, c’est le drame ! On fait 10m et la pluie tombe. Non, la pluie c’était avant, là on est au-delà du déluge biblique !!! Le Père se ramasse une piscine olympique sur la tronche en 2 secondes... Il songe que, s'il n'était pas au sommet, ça ferait penser à un tsunami !

Le Père pose son sac pour sortir son pantalon de pluie. Avant qu’il ait fini de poser son sac par terre, il est mouillé jusqu’au slip… Les Italiens ne sont pas restés, il repart en suivant sa montre car les marquages semblent avoir été enlevés !? 

Ça se confirme : sous une légère ondée rafraichissante (euphémisme en langage trail de mousson cataclysmique, du genre tu hésites à poursuivre en marchant ou à commencer à nager…), Le Père avance en essayant de deviner où il y a une trace de semblant de chemin. 

La pluie rend la frontale moins efficace (langage trail pour dire qu'il distingue juste des traits de pluie qui tombent, pas grand chose d'autre), mais il n’y a définitivement plus de marquage… 

Le Père essaie de suivre sur sa montre le tracé qu’il a chargé avant la course, bénissant tous les Dieux disponibles de l’avoir fait (on ne remerciera jamais assez Gérard PS, l’inventeur de la puce éponyme pour son invention qui, hormis l’aspect un tantinet agressif du simple guidage de missiles ou de bombes, peut salement te sauver les miches dans une situation de merde !).

Là, lecteur philosophe et amoureux des grenouilles, il faut dire qu’entre la pluie battante, le fait que tu es trempé jusqu’aux os, la nuit et le fait que tu es au sommet d’une montagne (donc qu’il ne fait pas super chaud), il se peut que tu sois parcouru par un léger doute passager… C’est normal, tu es humain !

Le Père ne doute pas, lui ! Il cherche le chemin en essayant de repérer, malgré la pluie et la nuit, le relief : quand tu es en haut d’une montagne, même lorsque tu es pressé de trouver ton chemin, il peu être intéressant d’éviter de te manger une falaise… Déjà ça fait perdre du temps, tu n’as pas envie de remonter parce que tu es déjà au bout de ta vie et si tu es tout cassé ce sera encore plus long ou tu vas trouver une excuse pour abandonner, ce qui la fout mal devant les potes… Le Père a déjà abandonné une fois cette année, il est donc hors de question qu’une simple ondée nocturne ou un malfaisant qui a souhaité se distinguer en ôtant les fanions le fasse abandonner, merde à la fin !

Il va de soi, lecteur humaniste et jovial, que Le Père, sans perdre de temps sur le moment, planifie déjà, avec un bonheur non dissimulé, une prochaine flagellation de l’impétrant, qui a pris la peine de retirer les marquages et les a jeté plus loin dans la forêt – Le Père en a vu plusieurs dans la forêt quelques kilomètres après, lors de la descente sur Luan, avec des orties fraiches et des ronces, peine mise en application par un trio de rugbymen de 145 kilos énervés et sous amphétamines…

Là, lecteur technophile, Le Père souhaiterait exprimer une très légère contrariété...Quand tu es paumé et que ta vie en dépend... Que tu es sous la pluie et que la seule chose qui te rattache à la civilisation est une montre GPS... Ce serait compliqué, bordel, d'avoir un curseur qui soit proportionné à la carte et non pas une flèche qui prend le tiers de ton écran ?!?! On est d'accord que les chinois qui montent les Garmin font exprès pour que les coureurs décèdent, non !? Parenthèse fermée, dès mon accession à la fonction de dictateur à vie du canton de Vaud, j'envahirai la Chine en représailles pour qu'ils commencent à bosser comme il faut...

Le Père a retrouvé la trace de la civilisation ! La descente sur Luan se poursuit sans histoire. Dans la forêt, le marquage réapparait sous la forme de rubalise (rubans employés pour délimiter les chantiers et qui se voit de loin). En contre-bas du chemin sur lequel il trottine, Le Père aperçois les fanions manquant du sommet. Comme ils reflètent efficacement les lampes, ils sont faciles à voir !

Le Père se souvient que l’année précédente, le passage Luan – Joux Verte avait été cauchemardesque : nausées, plus de jus, erreur de parcours en repartant de Luan, le mur si on veut… Là il n’est pas trop mal mais se perd un peu car, juste avant le ravito, une soirée à l’air libre l’induit en erreur et il croit qu’il s’agit du ravito… Après avoir prolongé la balade de près d’un kilomètre, il arrive enfin au ravito.

A Luan, on lui annonce que le parcours est modifié : un éboulement rend impossible le passage par la forêt - celui qui avait été si douloureux l’année précédente… Le Père en déduit bêtement que nous partons par la route, qu’il pense plate… Ehehehehe !

C’est bien de la route, mais ça monte ! Après une bonne balade sur route et passage dans plusieurs tunnels, on coupe par un pré (on peut assez honnêtement parler de champs de boue, sans induire le lecteur en erreur) pour lequel Le Père se félicite d’avoir ajouté du crampon sous ses escarpins…

Joux-Verte, ravito sans histoire, Le Père repart motivé. La fin se rapproche gentiment, ça commence à être long, il est très en retard sur l’année précédente, ce n’est pas rattrapable dans son état, mais c’est encore jouable sans se faire cramer par la barrière horaire. La montée est un peu longue, il commence à sentir la fatigue et approche de l’arrête de Malatraix, pour laquelle il vaut mieux être un peu réveillé…

Dans la montée, Le Père croit voir par 3 fois des personnes… Là où il n’y a finalement que des arbres ou des rochers… Il commence à se dire qu’il vaudrait peut-être mieux se reposer un peu. Comme il sait qu’il y a une personne avant l’arrête de Malatraix, il va lui demander de dormir à côté du chemin pendant 20 min et repartir frais… C'est le plus sage.

Arrivé au poste, on lui scanne son dossard. Il demande s’il peut s’allonger un moment. Le jeune, qui semble content d’être seul pour draguer sa collègue, lui dit que le ravito est très proche, qu'il y sera vite et rationnalise… Le Père fait comme s’il était convaincu, bien que pas dupe, trop fatigué pour argumenter, il repart.

Malgré 2 chutes qui auraient pu être un peu gênantes ou coûter très cher s’il ne s’était pas raccroché aux arbustes, il passe la crête et se fait badger de l’autre côté. Une descente qui lui parait trop longue le conduit au col de chaude.

Il se déséquipe et demande à la tenancière de le réveiller.

-        Ok, dans combien de temps ?

-        26 minutes, s’il vous plait… mais sans faute !

-        D’accord

Il s’endort sur un banc, ne voulant pas s’allonger sur un lit de peur de ne plus pouvoir repartir.

Dans ces cas-là, c’est comme si on appuyait sur le bouton OFF, puis ON. On s’endort et on se réveille, sans avoir l’impression d’avoir dormi, mais on se réveille quasiment clair et on a à nouveau un peu d’énergie.

Le Père mange un bout, remplit 2 flasques et se motive. En partant, il décide que là, ça commence à bien faire, merde à la fin, on va tout péter : c’est la dernière montée, puis il y aura la dernière descente, c’est pas le moment de craquer à 2 mètres du bol de sangria !

Donc Le Père s’énerve, largue les 2 coureurs partis juste avant lui, croise un Italien qui redescend pour abandonner (à 14-15km de l’arrivée !?) mais ne se laisse pas perturber. Il fait jour, il est énervé, ne sent plus trop ses pieds ou ses jambes (de toute façon on n’a pas besoin de jambes pour courir, sinon ça se saurait !) et avance vite. 

Passage de la bosse, arrivée aux rochers de Naye (on ne va pas au sommet, on passe juste sous le pont avant de redescendre), Le Père, pour respecter la tradition inaugurée l’année précédente, mange un bout, boit et envoie un SMS à Madame pour lui dire qu’il descend !

Là c’est un carnage, enfin un montagnage, il est décidé à essayer d’être aussi inconscient que l’année précédente, ce qui n’est pas peu dire. Donc il court, même quand il faudrait un peu réfléchir, et passe la dernière barrière horaire avec du rab. 

La descente dans un couloir rendu un peu glissant par la pluie et avec des touristes qui montent est un peu rock’n roll, Le Père ralenti, mais ça passe sans histoire. On ne remonte pas exactement comme l’année passée, du fait de la boue, autre tracé mais boueux quand même.

Sur une bosse, le tonnerre gronde. Le Père qui ne souhaite pas particulièrement se choper la foudre pour se faire réveiller ou devoir arrêter si près du but, accélère, tel le COVID dans un home pour personnes âgées, et double encore.

Passage des Hauts de Caux, Le Père ne s’arrête pas et plonge dans les gorges dont la partie haute n’est pas fermée. Il bombarde et double à tour de bras. Ca ne sert à rien, mais ça soulage. 

Il rattrape et dépasse celle avec laquelle il avait fait un bout de montée avant le Famelon, il va bien mais se réjouit d’arriver. On arrive à l’endroit où l’on quitte les gorges (un accident mortel et des éboulements ont fait fermer le bas du tracé), Le Père est sur la route et avance à bon rythme.

Est-ce la fatigue ? L’émotion ? Le fait qu’il pense aux punks qui l’attendent à l’arrivée ? Il réalise soudain qu’il n’a plus dépassé de concurrents et plus vu de rubalise ou de marquage depuis un moment… Coup d’œil à la montre… Fichtre, Diantre, Jarnidieu et ventredieu !!! Hors parcours !

Le Père vient de rajouter encore 750m à l'aller et au retour pour le plaisir… Il doit donc remonter 750m, et remonter encore un peu plus pour arriver sur le célèbre chemin du Télégraphe… 

Naturellement il faut redoubler du monde et arrivent aux 1'080 marches tant attendues !!! Alors je ne te promets pas, lecteur numismate et polythéiste, d’avoir compté toutes les marches, bêtement concentré à ne pas m’en manger une, car en plus d’être moultes, elles sont naturellement de tailles, de format et de hauteurs différentes ! Ce serait moins drôle si elles étaient régulières !

Le Père arrive au bord du lac avec ses dents intactes, ce qui est appréciable pour la photo finish et afin de ne pas effrayer les punks, et à peu près entier, il court et indique le chemin à un autre coureur hésitant sur la voie à suivre (en même temps, dans l'autre sens, on repart pour Bex !?). Les punks sont en vue et Le Père passe la ligne avec tout le monde, félicité par l’organisateur en personne (quand on le calibre du trailer qu'il est, c’est appréciable et une belle leçon d’humilité !).

Les émotions sont toujours aussi présentes, quelle que soit la ligne d’arrivée ! Les punks ont attendu un peu trop et ont faim… Le Père va chercher son sac, raconte aux organisateurs les fanions retirés et rejoint la famille, pour aller chercher des pâtes. La dame qui tient le stand offre aux punks de quoi se nourrir, ce qui est extrêmement apprécié par tout le monde. Nous nous attablons et mangeons comme si nous avions faim !

Le Père n’a que 4 ou 5 cloques, il va avoir une semaine pénible, histoire de lui faire payer son impudente dernière descente, mais il va probablement survivre... encore une fois.

Madame conduit, il somnole malgré le bruit des punks. Arrivé à la maison, il se lave et va dormir un moment pour commencer une récupération bien méritée.

Repose-toi, lecteur fidèle, la semaine est encore longue et il y a des votations importantes pour tes libertés qui approchent !

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